[fr]23 juin 2022

Lettre ouverte à Biden sur l'extradition d'Assange

par Michelle Renee Matisons

Cher Président Biden :

La récente nouvelle selon laquelle les tribunaux britanniques ont approuvé l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis est l'occasion de cette lettre. M. Assange est l'un des éditeurs, militants et intellectuels les plus avisés de ma génération ; je vous écris pour vous implorer d'abandonner toutes les charges contre lui et les autres personnes affiliées à Wikileaks - passées, présentes et futures.

Je suis né en 1970. L'accès facile à la série de livres de photos Time Life de mes parents m'a fait m'opposer à la guerre du Vietnam dès l'école primaire. Les photos en disaient long. J'ai continué à militer contre la guerre à l'université pendant la guerre du Golfe persique, et en tant que membre junior de la faculté de CSU Sacramento au début des années 2000, j'ai donné des conférences sur l'échec de la politique étrangère qui a conduit aux invasions de l'Afghanistan et de l'Irak. Tous ces travaux reposaient sur un excellent journalisme réalisé en dehors des canaux médiatiques officiels des États-Unis.

En 2006, Wikileaks a pris tout son sens, car nous avons besoin d'un journalisme de guerre véridique échappant au contrôle du Pentagone. Les courageux guerriers de Wikileaks ont risqué leur vie pour faire la lumière sur les vérités de la guerre au-delà de la propagande des médias corporatifs. Votre poursuite de M. Assange révèle la menace que représente le journalisme de guerre pour la Maison Blanche de Biden. Les échecs militaires actuels des États-Unis en Irak, en Afghanistan, au Yémen, en Syrie et ailleurs alimentent plus que jamais le besoin de journalisme indépendant.

Non seulement je soutiens Wikileaks, mais je le loue comme un modèle de journalisme militant, mobilisé par ses influences internationales. L'inculpation et l'incarcération de citoyens non américains est l'un des exemples les plus ridicules et les plus dévastateurs de la surenchère judiciaire américaine de ma génération.

L'outrecuidance judiciaire est une autre caractéristique de ma génération. En plus de mon activisme anti-guerre étendu, j'ai poursuivi un travail abolitionniste des prisons en tant que professeur de Californie. Comme Black Lives Matter et le militantisme anti-prison ont un impact sur la police et les prisons, l'incarcération aux États-Unis est plus communément considérée comme une forme de punition cruelle et inhabituelle. M. Assange subit une persécution considérable en étant isolé de ses proches, et sa santé s'en ressent. Son incarcération en cours et son extradition prochaine par les États-Unis équivalent à une condamnation à mort.

Je vous implore non seulement d'abandonner les poursuites contre tous les individus affiliés à Wikileaks, mais aussi de défendre une nouvelle législation protégeant les droits des journalistes. Alors que la loi sur l'espionnage protège les actions militaires, son utilisation ici viole le premier amendement. En tant que président, les informations classifiées vous permettent de prendre des décisions éclairées. Comment pensez-vous que des informations précieuses sont obtenues ? Vous bénéficiez quotidiennement de l'accumulation d'informations que vous punissez Wikileaks de poursuivre au nom d'une citoyenneté mondiale informée.

Si une leçon peut être tirée de l'attaque de longue date contre Wikileaks, c'est que la liberté d'expression n'est pas une garantie démocratique. Comme vous le savez, l'Espionage Act est apparu en 1917, l'année de la révolution bolchévique. L'attaque contre Wikileaks n'est rien de moins qu'une nouvelle attaque idéologique à la McCarthy. Président Biden, pour que votre libéralisme se distingue de l'autoritarisme de Trump, vous devez respecter le premier amendement de la Constitution des États-Unis, de peur de récompenser et de renforcer les forces fascistes dominantes.

Si vous poursuivez les accusations de M. Assange, votre administration crée un précédent juridique fasciste en utilisant la violence de l'extradition, des tribunaux et des prisons pour violer la liberté de la presse et appliquer des peines cruelles et inhabituelles. Et ce, à un moment où de plus en plus de gens considèrent la démilitarisation et la décarcération comme des stratégies politiques viables.

Si vous abandonnez les poursuites engagées contre M. Assange, votre administration soutient la liberté de la presse et dénonce les guerres à grande échelle, encourageant même la décolonisation du Moyen-Orient (pour en savoir plus, cliquez ici ^[en]^). Poursuivre M. Assange pour espionnage est un pas en arrière par rapport à la démilitarisation, renforçant une politique étrangère réactionnaire de statu quo soutenue par la censure des médias et l'intimidation des citoyens du monde.

C'est à vous de choisir.

Avec une profonde inquiétude,

Michelle Renée Matisons, Ph.D.

Michelle Renée Matisons, Ph.D., peut être jointe à l'adresse michrenee@gmail.com.

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